Aminatou Haidar est de retour au Sahara occidental
France 24 - La militante sahraouie Aminatou Haidar est arrivée à Laâyoune, au Sahara occidental, dans la nuit de jeudi à vendredi. Elle observait une grève de la faim depuis plus d'un mois aux Canaries, afin que le Maroc l'autorise à rentrer chez elle.
AFP - La militante sahraouie Aminatou Haidar est arrivée dans la nuit de jeudi à vendredi à Laâyoune (Sahara occidental), à bord d'un avion médicalisé en provenance de Lanzarote (îles Canaries, Espagne) où elle observait une grève de la faim depuis plus d'un mois, ont annoncé les autorités marocaines.
Elle était sortie peu auparavant de l'hôpital où elle avait été admise pour se rendre à l'aéroport de Lanzarote.
L'avion médicalisé dans lequel elle avait embarqué s'est posé sur l'aéroport de Laâyoune vendredi vers 00H15 locales (et GMT). Il avait quitté Lanzarote à 22H15 locales (et GMT).
A son retour des Etats-Unis, Mme Haidar avait été refoulée le 14 novembre de Lâayoune par les autorités marocaines, qui lui reprochaient de n'avoir pas voulu accomplir les formalités nécessaires. Elle les accusait en retour de lui avoir retiré son passeport marocain.
Cette affaire a donné lieu à un bras de fer diplomatique entre Madrid et Rabat, Paris jouant semble-t-il un rôle déterminant pour débloquer la situation.
Dans un communiqué publié jeudi soir à Paris, l'Elysée a en effet annoncé que le président français Nicolas Sarkozy avait demandé au Maroc de remettre un passeport à Mme Haidar.
M. Sarkozy a effectué cette démarche le 15 décembre en recevant à Paris le ministre marocain des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri et en exprimant "le voeu que le Royaume du Maroc puisse, dans sa tradition d'ouverture et de générosité, faire remettre à Mme Aminatou Haidar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du Royaume", selon le communiqué.
"Comme suite à cet entretien", le roi "Mohamed VI a informé le président Sarkozy, par message, le 17 décembre 2009, de l'accord de l'Etat marocain. Dans ces conditions, Madame Aminatou Haidar peut regagner le Maroc", ajoute le communiqué.
Deux tentatives de la militante sahraouie de rentrer à Lâayoune, les 4 et 5 décembre, avaient échoué, les autorités marocaines refusant l'atterrissage de l'avion à bord duquel elle se trouvait.
"C'est un triomphe du droit international, des droits de l'Homme, de la justice internationale et de la cause sahraouie", a déclaré à la presse la militante pro-Polisario à sa sortie de l'hôpital.
Elle a affirmé que si les autorités marocaines s'opposaient une nouvelle fois à son retour au Sahara occidental, elle "resterai(t) à bord de l'avion et continuerai(t) (sa) grève de la faim".
Aminatou Haidar, qui observait cette grève de la faim depuis le 16 novembre pour forcer le Maroc à l'autoriser à rentrer chez elle à Laâyoune, avait été hospitalisée dans la nuit de mercredi à jeudi à la suite de violentes nausées et de douleurs abdominales.
Agée de 42 ans et mère de deux enfants, Mme Haidar avait entamé sa grève de la faim à l'aéroport de Lanzarote. Elle revenait d'un voyage aux Etats-Unis où elle avait reçu un prix en faveur des droits de l'Homme.
Son oncle, Bachar Ahmed Haidar -qui est "pacha" (agent d'autorité) au ministère marocain de l'Intérieur- interrogé à Laâyoune par l'AFP, avait confirmé son départ imminent, déclarant ignorer les conditions qui ont rendu possible son retour au Sahara occidental. Mardi, il avait lancé un appel à sa nièce, lui demandant instamment de cesser sa grève de la faim.
Le Maroc considère que le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole annexée en 1975, fait partie intégrante du royaume et propose une large autonomie sous sa souveraineté. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, lutte en revanche pour son indépendance.
La dernière colonie d'Afrique
Depuis 1975, trois quarts du territoire du Sahara Occidental sont occupés par le Maroc. Une grande partie de la population originale vit encore dans des campements de réfugiés en Algérie. Ceux qui restaient dans leur pays originaire, sont subis aux violations graves des droits de l'homme, perpétrées par l'occupant marocain. Depuis plus de 40 ans les Sahraouis attendent l'exercice de leur droit légitime à l'autodétermination.
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